Les petits réfugiés juifs allemands à La Brévière (6)

Hormis ces péripéties qu’en est-il de Chritoph Hollaender ?


Des notes laissées par son père et que Madame Hollaender nous a transmises, nous relevons qu’il est né Naumburg, ville située dans le land de Saxe-Anhalt au bord de la Saale. (Région agréable vallonnée et verdoyante que je connais pour avoir séjourné à Halle sur Salle il y a de nombreuses années).


Son père Otto, avocat, était une personnalité reconnue à Naumburg, secrétaire du Parti démocrate local. Sa mère institutrice, était membre de la branche locale du S.P.D.. Leur famille se composait de cinq enfants. Sa mère n’était pas juive et son père considéré comme ne l’étant pas par les juifs religieux.


Hitler étant arrivé au pouvoir, la population juive commençait à être persécutée. Dans la petite ville de Naumburg des articles tendancieux firent leur apparition dans les journaux et autres publications. Son père s’oppose ouvertement au fascisme, critique les opinions politiques de nationaux socialistes et leur conduite publique. Avec ses vues démocratiques, ses attaques ouvertes contre les nazis, il s’attire rapidement leur haine.


Le jour où son père devait être arrêté il ne se trouvait pas chez lui. Avec l’aide de collègues de Sarrebruck et du syndicat mondial juif il peut partir pour Paris où sa famille le rejoint. Comme écrit plus haut ils habitaient Paris, boulevard de la Porte Royale dans le 8e arrondissement.


Photo-Christoph.jpgDans la courte biographie qu’il a rédigé Christoph Hollaender écrit :

« De juillet 1933 à mars 1935 je vécu à Paris avec de courtes interruptions. Pendant ce temps je fréquentais plusieurs écoles privées, pendant la plus grande période je fréquentais une école pour garçons à Neuilly. Je m’y sentais bien. J’appris beaucoup en français, les journées étaient longues, du lundi au samedi midi. Ma mère également me faisait parler français et m’instruisait sur un banc du jardin des plantes près de notre hôtel. Pour mon plaisir, je prenais le métro pendant des heures, je collectionnais de petits plans de la ville où se trouvaient les lignes de métro.

Ma première école en France se trouvait dans un petit village, Saint-Jean-aux-Bois, plus exactement La Brévière, dans un château où furent accueillis trente enfants juifs. Ce ne fut pas un temps heureux pour moi, malgré la peine que se donnait la directrice madame Hasse. Elle fit du mieux qu’elle put.

Par des relations ma mère avait entendu parler d’une institution à Haarlem au Pays Bas où des enfants juifs et demi-juifs étaient accueillis gratuitement et recevaient une instruction. Mes parents trouvèrent que ce serait mieux pour moi et obtinrent une place pour moi. Le 16 mars 1935 je pris le train de nuit en gare du nord. Mon père m’accompagna et c’est là que je le vis pour la dernière foi. (Otto Hollaender est mort à Paris le 24 janvier 1937, sa tombe se trouve à Neuilly).

De mon séjour en France j’ai retiré le bénéfice de comprendre le français courant et de le parler à peu près ».


De 1935 à 1945 il séjournera dans cette institution. En 1941, le séjour des juifs fut interdit aux Pays Bas. Il doit, aussi longtemps que la Hollande est occupée par la Wehrmacht, y vivre illégalement.


En 1945, un de ses frère, émigré en Australie, lui proposa de le rejoindre. Sa mère vivait alors en Allemagne de l’est. Il eut la possibilité de revenir en Allemagne, mais il se trouvait bien aux Pays Bas et décida de rester. Il y travaille comme professeur d’allemand et français, et plus tard comme inspecteur des écoles primaires à Amsterdam.


Fin 1950 il obtint la nationalité Néerlandaise.


Christoph Hollaender est actif dans de nombreux domaines de la vie publique et reçoit les Hauts Ordres Royaux.


Il décède au mois d’août 2009.


Voici l’histoire d’un enfant qui vécu une brève période de sa vie dans notre village. Espérons que d’autres familles, nous fassent part un jour de la présence de l’un des leurs à La Brévière.

1 réflexion sur “Les petits réfugiés juifs allemands à La Brévière (6)”

  1. L’histoire du petit Christoph contée ici par notre cher ami Robert est bien émouvante.

    Cela  fait chaud au coeur de savoir que ce petit garçon a échappé à toute cette barbarie.

    J’ai un peu d’émotion aussi en pensant que Christoph a mangé le bon pain du Boulanger de St Jean . (nous le voyons sur la page du 18 Février faisant sa tournée à la Brévière avec son cheval
    “Sultan”.)

    C’était le meilleur pain qu’il soit, bien meilleur qu’aujourd’hui,  je l’ai gouté moi-même…

    C’était celui de notre grand père Louis Legrand.

     

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