Des lapins hors de prix

Il n’était pas bon au milieu du 19e siècle de tenter d’améliorer son ordinaire et de ramasser sur le domaine forestier un lapin occis par un piège.

 

44 aCe sont les comptes rendus du tribunal de police correctionnelle de Compiègne parais-sant dans la presse, qui nous l’appren-nent.

 

C’est ainsi que Jules Dhuicq, âgé de 32 ans, bûcheron à La Brévière, l’appris à ses dépens un 18 novembre 1859.

 

L’affaire remontait au 1er novembre précédent où il fut surpris, vers six heures du matin, au moment où il retendait un assommoir appartenant à l’administration forestière et sous lequel il venait de prendre un lapin. Bien que l’animal ne pu être retrouvé, le garde forestier qui avait dressé procès-verbal de ces faits affirmait devant le tribunal correctionnel de Compiègne, que depuis quelques heures déjà il y avait un lapin tué sous l’assommoir en question, lorsque Dhuicq s’en était approché.


Cela suffisait pour que ledit tribunal condamne notre bûcheron à six jours de prison et aux dépens. C’était cher payé pour un lapin qui ne fut même pas dégusté par le condamné.

 

Le 25 octobre 1862 Lemoine, âgé de 30 ans, cordonnier à Saint-Jean-aux-Bois, ne comprend pas que, trouvant deux lapins sous des assommoirs, il ne lui soit pas permis de les emporter chez lui.

 

44.jpgAfin de l’aider à comprendre qu’il est interdit de prendre ce qui ne lui appartient pas, le tribunal le condamne à dix jours de prison.

 

 

En 1863, ce sont Jean-Baptiste Mer-lieux, âgé de 55 ans, cultivateur à La Brévière, Charles-François Toussaint, âgé de 64 ans, et Jean-Marie Alphonse Viveret, âgé de 63 ans, tous deux bûcherons à Malassise, commune de Saint Jean aux Bois, qui ayant chassé le 20 octobre dernier, à l’aide d’engins prohibés, en faisant usage de pièges à bascules dits traquenards, destinés à prendre des lapins dans leurs propriétés closes de haies vives, passent devant le tribunal.

 

imgres-5.jpegIls reconnaissent le fait et déclarent qu’ils ne croyaient pas commettre de délit. Le tribunal dans son audience du 4 novembre, les condamne chacun à 50fr. d’amende. Les pièges sont déclarés confisqués, et le tribunal ordonne leur dépôt au greffe dans les dix jours du jugement, ou chacun paiera 50fr. pour leur valeur.

 

A titre comparatif le kilo de pain valait à l’époque entre 20 et 25 centimes suivant la qualité.

 

Au cours de l’audience de vacation du 23 septembre 1865, c’est Louis Eugène MAQUIN, âgé de 27 ans, bûcheron à Saint-Jean-aux-Bois qui fut surpris le 20 août denier dans la forêt de Compiègne, chassant à l’aide d’un bâton, les lapins au gîte alors qu’il en avait déjà tué trois. Il se reconnaît coupable et s’entend condamner à 50 francs d’amende.

  

Ce ne sont là que quelques exemples parmi bien d’autres qui montrent combien aucune tolérance n’était accordée aux habitants de la forêt, alors que dans le même temps, les comptes rendus des chasses impériales en forêt de Compiègne nous apprennent que les lapins y étaient tués par centaines lors de chaque battue. Comme quoi confondre “les plaisirs du roi” et le besoin d’améliorer l’ordinaire ne peuvent être compatibles.

 

Cartes postales de la collection d’Arlette B. que nous remercions.

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