Duvauchel et Champlieu

Léon Duvauchel à propos de Champlieu


Le 16 septembre 1887, dans “Causerie au pied d’un chêne“ (Le Livre d’un Forestier, page 298), Léon Duvauchel écrit :

 

A propos de ces bains, de ce temple et de ce théâtre de Champlieu, plus intéressants que tant d’autres, parce que moins connus, moins banalisés, je constate l’intention, déjà parlé avec quelques personnes amies, d’une représentation, d’une restitution d’art antique, parmi ces ruines superbes, trop peu entretenues et respectées.

Puisse la note épinglée ici provoquer en ce sens un petit groupement de délicats, d’amateurs, soit à Compiègne même, soit à Paris“.


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Photo des ruines du théâtre de Champlieu prise en 1905 par Jean-Eugène Durand (Photographe). Photo  Ministère de la culture. Réf. APMH00012910. Négatif noir et blanc;support verre. Service producteur SAP01. Publié avec l’aimable autorisation de monsieur J.D. Pariset, directeur de la médiathèque de l’architecture et du patrimoine.

 

SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE COMPIÈGNE. Excursion des 8 et 9 juin 1893 – 2ème journée.

 

Compte-rendu d’une visite à Champlieu, ville romaine. (Extrait)

 

… Nous ne referons pas les discussions auxquelles donna lieu la mise au jour de son théâtre qui offre la plus grande analogie avec celui de Lillebonne.

L’acoustique en est du reste excellente et deux de nos confrères nous en ont fourni la preuve, en nous récitant des fragments de leurs œuvres. L’un deux, M. Léon Duvauchel a fait plus ; il a émis l’idée de donner sur le théâtre de Champlieu des représentations de pièces imitées de l’antique, comme cela a lieu fréquemment à Orange et à Nîmes et dans diverses villes d’Italie. Nous ne pouvons qu’applaudir au projet de M. Duvauchel, qui nous a promis, du reste, d’écrire un prologue pour cette représentation d’œuvres de Plaute ou de Térence, voir d’Aristophane, et plutôt encore de celles de nos poètes contemporains comme Ronsard.

 

Cette idée se concrétisera quelques années plus tard en 1906. La Gazette de l’Oise du mardi 19 juin et du samedi 9 juillet s’en fait l’écho par deux articles sur la représentation devant avoir lieu le dimanche 8 juillet 1906 à trois heures au théâtre romain de Champlieu.

 

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Nous pensons que cette photo de Jean-Eugène Durand a été prise au mois de juin 1906, pendant la préparation de la représentation du 8 juillet suivant.

Photo des ruines du théâtre de Champlieu  par Jean-Eugène Durand (Photographe). Photo  Ministère de la culture. Réf. APMH00012803. Négatif noir et blanc ; support verre. Service producteur SAP01. Publié avec l’aimable autorisation de monsieur J.D. Pariset, directeur de la médiathèque de l’architecture et du patrimoine. 

Le Figaro du lundi 25 juin nous communique « l’intéressant programme de la représentation de gala organisé pour le dimanche 8 juillet, au théâtre-gallo-romain de Champlieu.

Le Cyclope, traduction en vers de M. Alfred Poizat et Iphigénie, traduction de M. Jean Moréas qui fût choisie en novembre 1904 pour l’inauguration du stade d’Athènes.

Ces deux œuvres d’Euripide (on sait que la première n’a pas encore été représentée de nos jours) seront interprétées par quelques-uns de nos des artistes les plus éminents de la Comédie française…

L’orchestre de la Comédie française exécutera pour le cyclope, des fragments de la sixième symphonie de Beethoven et, pour Iphigénie, les plus belles pages de la partition de Gluck ».

 

Le comité d’organisation placé sous le patronage de plusieurs hautes personnalités de l’époque, mobilisa d’énormes moyens pour assurer le succès de cette fête artistique. La photo nous montre la mise en place de gradins de bois destinés à recevoir les spectateurs. Des billets étaient disponibles dans les bibliothèques des gares de la compagnie du nord, dans les agences de spectacles, etc. De plus des trains spéciaux de Paris, Londres, Bruxelles et de tous les principaux points de réseau, étaient prévus. En bref, rien n’était écarté pour assurer le succès de ce spectacle.

 

Le figaro ne consacrera pas moins de trois articles à cette représentation durant les mois de juin et juillet 1906.

 

Léon Duvauchel ne sera plus là pour se rendre compte du résultat d’un spectacle qu’il avait imaginé treize années plus tôt.

 

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 Le théâtre antique gallo-romain de nos jours (Source Wikipédia)


Vraisemblablement sollicité, puisque plusieurs autres communes vont dans le même sens, La Gazette de l’Oise de cette époque nous en donnant l’information, le conseil municipal de Saint-Jean-aux-Bois, lors de sa séance du 15 août 1906, prend la délibération suivante :

 

Théâtre de champlieu :

« Le conseil a émis le vœu, vu le succès du 8 juillet dernier, de voir le théâtre gallo-romain de Champlieu aménagé afin de pouvoir donner des représentations assez fréquentes pendant la saison d’été, et de rendre ces représentations populaires, c’est-à-dire à la portée de toutes les bourses ».

 

Cette délibération n’est pas propre à St Jean aux Bois..

 

Il ne semble pas qu’il y ait eu de suite à cette manifestation culturelle.

 

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